11 août 2019 

Mes débuts en blogging, ou la procrastination poussée à l’extrême

Hello, world!

(Initialement publié sur Medium)

Salut, moi c’est Alexandre Dias. Tu lis mon premier article jamais publié sur les Internets.*

Je vais être franc avec toi : ce n’est pas comme ça que j’aurais voulu donner le coup d’envoi de ma prise de parole en ligne. Pas avec un article qui me rend vulnérable – et probablement pas sur Medium.

Ça fait 2 ans que je retarde le lancement de mon premier blog, à coup d’excuses plus ou moins bidons. Pas le bon nom de domaine, pas la bonne identité visuelle, pas l’expertise, pas le bon timing.

Aujourd’hui, j’ai atteint un point de non-retour

Je te replante le décor.

Bien décidé à enfin lancer ce blog, j’ai passé la matinée entière à hésiter entre garder le nom de domaine que je louais déjà depuis 2 ans, ou en prendre un nouveau à mon nom.

Va pour la deuxième option, je valide mon panier sur le site de mon nouvel hébergeur, chez qui j’ouvre un hébergement WordPress…

Pour m’apercevoir quelques instants plus tard qu’il ne propose pas nativement le SSL Let’s Encrypt (service gratuit) contrairement à mon ancien hébergeur, et qu’il faudrait que je paie une cinquantaine d’euros de plus par an pour avoir un site en HTTPS. F**K. F**K. F**K.

J’ai les nerfs à vif, je perds patience. C’en est trop.

Franchement soulé, je résilie tous les produits chez ce nouvel hébergeur sur un coup de tête et envisage de revenir à l’ancien.

Lol. Je me rends compte que je viens de me tirer une balle dans le pied : j’ai aussi résilié mon nom de domaine fraîchement acquis, qui va rester bloqué quelques jours, semaines, ou mois peut-être, sans que je puisse en redevenir propriétaire.

Bref, je t’épargne les détails techniques : c’est l’impasse. Je perds toute motivation. Je n’ai qu’une envie : procrastiner encore une fois.

Je crois que cette anecdote illustre bien le genre de prises de tête liées à la technique que je me suis infligées pour un blog qui ne verra pas le jour de sitôt.

Qu’est-ce qui fait que je ne suis pas foutu de juste écrire et balancer la sauce ?

Mon obsession première : le design du site

Si tu as un blog, tu sais ce que c’est. C’est une faille spatio-temporelle qui te happe sans que tu t’en rendes compte.

Étant fan de web design et d’architecture de l’information, cette étape s’annonçait donc comme plutôt fun. Mais elle a vite tourné au calvaire, entre les difficultés techniques et ma maniaquerie.

Je n’emploierai pas le terme galvaudé de « perfectionniste » pour me décrire, mais il semblerait que j’en aie quelques traits. Un peu control freak sur les bords, on va dire.

Si j’ai quelques bases de développement web qui me permettent de mettre un site rudimentaire sur pied, je pédale dans la semoule dès la première difficulté venue.

Je n’avais même pas encore d’articles, et je ne savais pas bien de quoi je voulais parler, que je voulais déjà imposer une structure rigide à mes contenus à venir.

Débarrassé d’un problème, j’en trouvais de nouveaux. J’œuvrais à ajouter toujours plus de fonctionnalités, en me convainquant que j’en aurai sans doute besoin un jour. Spirale infernale.

Ajoutons à ça mon passé académique bercé par le monde de la recherche, qui a alimenté ma tendance à vouloir trop faire et tout dire – on a tous les ingrédients d’un poison paralysant. On est loin du « Fail fast, fail often ».

Sans jamais exposer publiquement mon travail, j’étais sûr de ne pas échouer.

Combien de fois me suis-je lancé à corps perdu dans des recherches, des tests, avant d’annuler pour finalement revenir point de départ… et bis repetita jusqu’à la nausée.

Le diable est dans les détails. Il fallait que ça cesse. Que je trouve l’antidote.

J’ai atteint le point où étouffer ma soif de créer m’est devenu plus inconfortable que ma peur d’échouer

Je mentirais si je disais que je n’avais pas beaucoup appris sur le fonctionnement du web en bidouillant, en cassant, puis en réparant. C’est un sujet qui me passionne.

Mais est-ce vraiment la façon la plus efficace d’apprendre, quand mon objectif premier était simplement d’écrire ? Vouloir tout faire en même temps, n’est-ce pas la meilleure façon de ne progresser nulle part ?

J’ai quand même débuté en voulant héberger moi-même sur un Raspberry Pi mon blog statique créé avec Jekyll, parce que je trouvais la solution WordPress trop simple et impersonnelle à mon goût. Et parce que je voulais aussi me prouver que j’en étais capable.

Techniquement, j’avais réussi à monter mon installation – j’avais relevé le défi – et c’était vraiment cool d’avoir pu afficher mon site depuis l’extérieur, en sachant que c’était le petit boîtier noir chez moi qui recevait et répondait aux requêtes d’un poste distant.

C’était assez magique pour moi, et je m’en émerveille encore.

Mais j’ai fini par laisser tomber, après m’être rendu compte du temps et des efforts que la maintenance d’un tel système allait me prendre.

Je ne suis pas un ingénieur en informatique. Je ne suis pas un développeur web non plus. C’est une leçon d’humilité.

Renoncer à ce qu’on aimerait savoir faire pour prioriser ce qu’on sait déjà faire

J’ai cette envie d’écrire et d’être lu au fond de moi qui me démange depuis longtemps, je le sais. Et je pense ne pas être trop mauvais dans ce domaine. Je ne veux pas reléguer cette envie au rang de hobby occasionnel, je veux en faire quelque chose d’utile et construire une audience de personnes intéressées par mon travail.

D’un autre côté, je voudrais maîtriser la technique sous-jacente au web. Comprendre dans les moindres détails comment tout fonctionne pour pouvoir tout construire de A à Z avec mes petites mains.

Mais c’est un chantier complètement différent de l’écriture.

Et pour moi, avec mon niveau actuel, c’est aussi la voie royale vers l’overengineering (soit le fait de concevoir un produit avec un surplus de fonctionnalités non souhaitées des utilisateurs, générant de la complexité et de la frustration inutiles).

Parce que je suis un brin trop curieux et que je m’emballe à chaque nouvelle découverte.

Il faut faire des concessions et s’acheter du temps.

Le fait est qu’il me fallait un outil de publication qui me permette de pouvoir shipper rapidement des articles, et d’arrêter de me créer des problèmes.

Je me retrouve beaucoup dans cet article d’Ali Mese (traduction d’Antoine BM) :

J’ai créé mon site avec WordPress et j’ai acheté un hébergement mutualisé sur OVH. Et j’ai passé des journées et des nuits entières à customiser mes plugins WordPress. […] Medium est une plateforme parfaite pour tester rapidement vos compétences en rédaction, au lieu de perdre du temps à perfectionner le design de votre site.

Si je franchis le pas en commençant à publier sur Medium – presque à contre-coeur, snif – , c’est parce que je fais le choix de passer à l’action et mettre fin à ce cercle vicieux.

D’abord métayer sur Medium, avant d’être maître en ma demeure.

Je sais que ce n’est pas idéal et que d’aucuns trouveraient insensé de ne pas commencer à attirer du trafic sur un site qui m’appartient. Mais il y a un facteur psychologique non négligeable que Valentin Decker décrit très bien :

Quand on commence à écrire, il faut se concentrer sur une seule chose : écrire. Ne pas se laisser distraire par l’aspect technique de la création d’un site, la sélection des bons plugins, le Marketing, la distribution, etc. L’élan créatif initial est précaire ; il faut le maintenir à tout prix. Sur ce point, Medium est excellent. L’interface est pensée pour une seule chose : nous pousser à écrire. Elle élimine toutes les considérations extérieures et nous force à nous concentrer sur l’essentiel. On se retrouve seul, face à une feuille blanche.

Tout est dit. Medium, ou renoncer à écrire. Mon choix est fait.

Ce qui compte là tout de suite, c’est de me concentrer à fond sur la création de contenu à valeur ajoutée, et pas sur des fioritures.

Chaque chose en son temps, ne mettons pas la charrue avant les bœufs !

Si tu débutes aussi en blogging cher lecteur, je t’invite à n’avoir qu’une seule obsession : livrer, livrer, et encore livrer. Tes contenus ne sont rien tant qu’ils dorment dans un fichier. Tu dois les faire vivre en les mettant en ligne le plus rapidement possible. C’est la seule façon de les confronter à ton audience et de t’améliorer.


*Bon, ce n’est pas tout à fait vrai : l’embryon de blog évoqué ici a très brièvement vu le jour avec un premier article, avant d’être retiré quelques semaines plus tard. Ne sont pas non plus pris en compte les articles Skyblog.